Pour une nouvelle grammaire sociale en Haïti

Dans les Saintes Ecritures, il est rapporté en Genèse chapitre 9 que Noé, après le déluge eut bu du vin qui l’énivra. En conséquence, il se trouva nu à l’intérieur de sa demeure, quand son fils Cham venait de decouvrir cela et le rapporta à ses frères Japhet et Sem. Ces derniers marchaient à reculons et déposaient une couverture sur leur père. Ayant appris cela à son réveil, Noé maudit Cham qu’il condamnait à l’esclavage et bénit ses frères de qui il allait devenir l’esclave. Que faut-il apprendre de cette histoire? Une analyse approfondie du concept nudité peut nous amener à bien de considérations.

Pour commencer, il faut préciser que la nudité est concept polysémique. Tantôt, elle renvoie l’état d’une personne qui est entièrement nue. Mais c’est lorsqu’elle est prise au sens littéral. Dans l’histoire mentionnée au commencement du texte, c’est cette interprétation qu’il faut en faire. Par ailleurs, au sens figuré, elle peut renvoyer a l’état d’une personne matériellement ou moralement démunie, dépossédée. En fait, notre refléxion se portera sur la deuxième définition.

En Haïti, les leaders n’ont pas de bonnes notes du tout en matière de performance. Les résultats sont de plus en plus difficiles à devenir visibles aux yeux des citoyens. Les attentes ne sont jamais comblées au cours des 30 dernières années. D’ailleurs, l’indice de développement humain figure parmi les plus bas et Haiti se trouve reléguée au rang des nations en guerre comme l’Afghanistan et l’Éthiopie. De plus, les élections ne sont jamais déroulées a temps et dans la sérénité. Le plus souvent, elles donnent lieu à de vastes mouvements de revendication les plus souvent réprimés dans la violence. Qui pis est, les dirigeants ne parviennent toujours pas à s’entendre. Devant de telles bavures, il y a de quoi s’énerver. Mais faut-il pour autant découvrir la nudité des leaders ? En fait, ne pas révéler la vérité est synonyme d’encourager la corruption et de faire la promotion pour l’échec. Quelqu’un dirait : « Mais où est le problème ou encore où veut-il en venir ? ». En réalité, c’est une très bonne interrogation. Pourquoi les citoyens s’abstiendraient-ils de mettre au plein jour la nudité d’une serie de leaders faisant preuve d’autant de negligence et d’incompetence? Essayons d’aller en profondeur.

En fait, il n’y a aucun mal de dénoncer la corruption, l’injustice dans un pays. Mais, ce qui pose probleme, c’est quand un groupe de citoyen se livre a un exercice malsain qui consiste à mettre à nu leurs dirigeants sans chercher à faire passer leurs revendications selon les voies tracées par la loi ou encore à se mobiliser pour les forcer à respecter les normes établies par tous les moyens. Il y a quelquefois, où ils refusent de s’asseoir avec eux et préfèrent aller chercher une tierce personne qui est le plus souvent un ancien colon pour venir jouer le rôle d’arbitre. Ce qui est pire dans tout ça, c’est le dénigrement qui tient lieu dans les différents échanges.

Le fait de dénigrer son frère ou son dirigeant ne fait pas honneur à soi. Cependant, la recherche de consensus produit le plus souvent de meilleurs résultats lesquels sont bénéfiques pour toutes les parties prenantes. Il est mieux de rechercher la paix avec tous autant que cela est possible. Par ailleurs, les leaders ont besoin de faire preuve de tolérance, de sagesse en essayant de joindre les deux bouts. La recente crise haitienne ou differentes factions de la societe concluent des accords en vue de trouver un denouement heureux n’est pas une mauvaise chose en soi. Cependant, le sursaut pour trouveur un consensus commun est obligatoire et salutaire. Haïti a donc besoin d’une nouvelle grammaire sociale que seuls les haïtiens doivent écrire entre eux. Alors, réécrivons les règles du vivre ensemble et arrêtons de mettre la nudité de nos frères à découvert.

Onyl Gédéon

Directeur Fondateur de Vivre et Réussir

Cofondateur de Leaders Sans Frontières-Haïti

Courriel : gedeononyl@gmail.com